
Entretien avec Lydie Feugnet
Entretien avec Lydie Feugnet, la première chercheuse à avoir mené des expérimentations en classe avec Écrivor !
Lydie Feugnet est professeure agrégée de Lettres modernes et formatrice de français à l’Université de Bordeaux (composante INSPE). Elle prépare actuellement une thèse sous la direction de Claire Doquet. Lydie nous a rejoint dès le début de l’aventure et expérimente Écrivor dans le cadre de sa thèse.
Nous lui avons posé quelques questions !
1) Après un parcours de prof de lettres, de formatrice, une excursion par la CARDIE, tu te lances dans une thèse… Peux-tu nous expliquer comment tu as choisi ton sujet ?
L’orthographe représente un enjeu social fort. Mais je trouve dommage qu’on pointe trop souvent les erreurs plutôt que les progrès. Dans le cadre de mon mémoire de Master, j’ai voulu m’intéresser au raisonnement déployé par les collégiens pour orthographier. J’avais choisi une des plus grandes difficultés en orthographe : l’accord du participe passé. Grâce aux entretiens métagraphiques que j’ai menés auprès d’élèves de 3ème, j’ai pu constater les tâtonnements et les stratégies mises en œuvre témoignant de savoirs et savoir-faire orthographiques. Un parcours doctoral me permet d’élargir mon objet de recherche à la notion de verbe qui « cristallise singulièrement des difficultés d’enseignement et d’apprentissage » (Lepoire-Duc et Ulma, 2010), et de m’intéresser à la façon dont les apprenants s’approprient la langue et développent des compétences scripturales.
2) Quel est l’intérêt d’Écrivor dans le cadre de ce travail ? Qu’est ce qui t’intéresse le plus ?
Il me semble que la multiplication des aller-retours de l’élève à son texte permet de développer une posture métalinguistique nécessaire au développement des compétences scripturales. Je pense qu’il y a des perspectives intéressantes en termes de questionnements proposés à l’élève. Il me semble aussi que cela peut permettre de faire évoluer le rapport de l’élève à l’écriture, en focalisant l’intérêt sur l’écriture comme processus et non comme produit.
3) Tu as été la première enseignante à utiliser Écrivor avec tes propres étudiants de master. En quoi penses-tu qu’un outil comme Écrivor puisse correspondre à la fois aux besoins des enseignants de collèges avec qui tu travailles, mais également à celui des enseignants de primaire ou du supérieur ?
Que ce soit dans le premier, le second degré, ou le supérieur, l’enseignant est confronté à la même problématique : on manque de temps pour enseigner l’écriture. Je veux dire en particulier qu’on aimerait avoir plus fréquemment l’opportunité d’offrir aux apprenants la possibilité de revenir sur leur production initiale à partir de notre retour. C’est ce que permet Ecrivor. Le fait que l’enseignant reste le maitre de la situation didactique et pédagogique en planifiant l’activité et en choisissant ses modalités de mise en œuvre permet une grande souplesse dans l’utilisation d’Ecrivor et une adaptation des retours proposés au niveau de l’apprenant.
4) Tu es également formatrice à l’INSPE de Bordeaux. Quels sont, selon-toi, les enjeux les plus importants pour les futurs profs à l'heure de l'IA ?
Les jeunes générations vont vivre avec l’IA, ils vont l’utiliser (l’utilisent déjà !) même dans le cadre scolaire. A mon sens, on ne peut pas faire comme si ça n’existait pas. Or, si les potentialités de l’IA sont immenses, il faut aussi en connaitre les limites. Ainsi, les enseignants devront apprendre à leurs élèves à l’utiliser en conscience, à en faire un usage raisonné, et pour cela il est important de comprendre comment ces IAG fonctionnent.
5) Un conseil à donner pour les enseignants qui aimeraient faire de la recherche à un moment dans leur carrière ?
La formation reste pour moi la porte d’entrée pour se familiariser avec l’univers passionnant de la recherche. Nous avons la chance dans nos universités françaises de bénéficier d’une offre de formation très riche : il existe de très nombreux diplômes universitaires (notamment des Master) qui permettent à chacun d’approfondir ses connaissances dans un domaine qui l’attire. De plus, le distanciel est de plus en plus pratiqué, facilitant l’accès aux reprises d’études.
Merci pour ces réponses et ton aide précieuse dans notre aventure !